La chapelle Notre Dame de la Salette

Chapelle néo-gothique (1881)

On trouve cette chapelle sur la route entre Lorry et Mardigny au lieu-dit « Entre deux bans », c’est-à-dire entre les deux terroirs de Lorry et Mardigny.

Elle a été construite en 1881 par Mlle de Berthelin, descendante de la famille de Chazelles, les seigneurs de Lorry au XVIIIe siècle, pour répondre à un vœu.

Elle est dédiée à Notre-Dame de la Salette et s’inscrit ainsi dans un mouvement de constructions de sanctuaires dédiés à la Vierge en filiation avec celui de la Salette-Fallavaux en Isère (apparition de la Vierge en 1846) qui ne commence en Lorraine qu’après 1880. On pourra remarquer que Lorry-Mardigny est alors allemand depuis une décennie à la suite de l’Annexion allemande de l’Alsace-Lorraine en 1871.

Cette chapelle, rappel d’un pèlerinage célèbre en France, se trouvait aussi sur le chemin des habitants de Lorry se rendant au pèlerinage de Notre-Dame du Froidmont à Bouxières-sous-Froidmont, commune voisine en Meurthe-et-Moselle ; ce pèlerinage fut suivi jusqu’au début des années 1960.

Ce bâtiment est constitué d’une petite nef sous croisée d’ogives de plan proche du carré et d’un chœur semi-hexagonal. La toiture à pans abrupts supporte, côté Est, un clocheton à flèche élancée.

Murs et voûtes sont entièrement peints à la suite d’une restauration de la chapelle après la Première Guerre mondiale (voir article ci-dessous). Le chœur est décoré de feuilles de vigne, de lys et de roses dont les branches partent vers la voûte. Derrière la statue de la Vierge, les côtés de la fenêtre sont décorés de trois bandes peintes, sur lesquelles on peut lire : au dessus, « à Notre Dame de la Salette« , à gauche « ne blasphémez pas, ne travaillez pas le dimanche« , à droite « ne mangez pas de viande le vendredi ».  La clef de voûte est un blason couronné, pourpre, à dix trèfles d’or, armes de la famille de Chazelles. A l’extérieur, les boiseries sous le toit sont également peintes.

La pierre qui sert de socle à la croix en fer forgé devant la chapelle au bord de la route, est la pierre tombale d’un ancien instituteur de Lorry-Mardigny nommé Jacquemot et décédé en 1806.

La chapelle était propriété privée jusqu’en 1971, implantée dans une pièce de terre de l’ancienne ferme Berthelin. Au remembrement de 1971 elle fut attribuée à un exploitant de Mardigny, mais la Commune demanda et obtint la propriété de cette pièce de terre, la chapelle intégrant ainsi le patrimoine architectural communal.

En 1980 une équipe de bénévoles entreprit la restauration intérieure et extérieure.

La restauration de la chapelle en 1926 dans un article du Lorrain (01/10/1926)

Extraits de l’article :

Lorry-Mardigny

Relèvement de sanctuaires dévastés. — Les sanctuaires de la Sainte Vierge, répandus dans nos campagnes lorraines et victimes, comme les vivants, des dévastations de la guerre, se relèvent de leurs ruines, les uns après les autres. Deux d’entre eux se faisaient face à quelques kilomètres de distance, sur le front de bataille, l’un sur les hauteurs du Froidmont, près de Bouxières, l’autre sur la pente ci-devant allemande de la même montagne, près de Mardigny. C’est dire déjà ce que ces deux monuments ont dû endurer pendant les quatre ans de la tourmente. Sur le Froidmont ce fut la ruine complète. (…) Mais le 9 septembre dernier, la foule était là pour l’inauguration de la nouvelle chapelle. (…) Le 21 septembre, c’était le tour de la chapelle de N.-D. de la Salette, toute voisine. Élevée, il y a environ trente ans, par les soins de la famille Berthelin, de Lorry, dans un coin délicieux du paysage charmant qu’est cette contrée, elle avait attiré, dès l’origine, les pieux villageois des environs. La guerre survint, et adieu la solitude et le silence si favorables à la prière et au repos à l’ombre des demeures de la Bonne Mère. Ce fut l’invasion et la profanation dès les premiers jours, et la chère chapelle devint un corps de garde pour les troupes allemandes pour toute la durée de la guerre. On peut devnier en quel état elle fut laissée à l’armistice. Cependant, malgré sa position isolée et sans abri en rase campagne, elle fut bien plus ménagée par les obus que sa sœur de Bouxières, de sorte que les réparations indispensables purent être limitées à l’intérieur et à la couverture. C’est à dessein que furent laissées intactes, pour souvenir, les glorieuses blessures faites à l’extérieur des murs et au portail, par les obus éclatant à proximité, tandis qu’à l’intérieur la petite porte du tabernacle, ébréchée et disloquée, continuera longtemps à prêcher à sa façon, le souvenir des mauvais jours. À part cela, grâce à l’activité du nouveau curé de Lorry, l’abbé Picard et à la charité de la famille fondatrice de la chapelle, un excellent peintre M. Przibilla, de Marly, donna à celle-ci une décoration si bien appropriée au style et à la situation du monument, que celui-ci vient de rertouver et au-delà, toute son ancienne élégance, de sorte que les deux chapelles-sœurs de Bouxières et de Lorry peuvent rivaliser entr’elles à tout point de vue. C’est avec une piété toute joyeuse que les braves gens de Lorry, de Mardigny, de Marieulles et environs, reprirent le 21 septembre le chemin de N.-D. de la Salette pour assister à la nouvelle bénédiction de la chapelle qui fut donnée par M. l’archiprêtre de Pournoy-la-Grasse.