Petite histoire des côtes de Lorry-Mardigny

Ces espaces dominant les deux villages ont toujours contribué à l’économie locale et participé à l’histoire des deux villages. Activité pastorale, extraction de la pierre et utilisation militaire ont façonné ces deux côtes pour créer le paysage que l’on peut voir de nos jours.

Côte de Lorry juin 2006

Côte de Lorry juin 2006

Mardigny La Côte

Mardigny La Côte 13/06/2009

Un espace de pâturage

Depuis le Moyen Age, les troupeaux communaux étaient conduits sur les côtes. On leur doit ce paysage de pelouse calcaire sèche, probablement sans aucun arbre ou arbuste. Entre les deux guerres mondiales, en plus du troupeau local, des troupeaux ovins venaient d’Alsace jusqu’à Lorry-Mardigny. Enfin, depuis la Seconde Guerre mondiale, deux exploitants agricoles se sont succédé pour poursuivre l’utilisation de cet espace pour l’élevage extensif ovin, lui conservant ainsi toute la richesse floristique et faunistique d’une pelouse calcaire.

Vers 1918. Le talus de la côte entièrement en pelouse pâturée

Vers 1918. Le talus de la côte entièrement en pelouse pâturée

Peu avant la Révolution française, Laurent de Chazelles, dernier seigneur de Lorry, avait imposé à la communauté de Lorry un échange de terres contre des communaux, entraînant la mise en culture d’une petite surface du plateau de la Côte de Lorry. Cette culture vivrière n’a duré que quelques décennies. Le but de cet échange était le terrain au pied du talus où Laurent de Chazelles a fait planter 80 mûriers blancs (Morus alba), pour un élevage de vers à soie. Le tronc de l’un d’eux, bois mort, est toujours présent.

Un essai de plantation de pins

Dans les années 1930, la commune a tenté de planter des pins à l’est du plateau de Lorry. Cette tentative se révélant peu concluante au cours des premières décennies, elle n’a pas été étendue en surface mais les pins plantés sont toujours là.

Côte de Lorry, pins des années 1930

Côte de Lorry, pins des années 1930

L’exploitation de la pierre : première carrière

La pierre calcaire des côtes de Lorry-Mardigny est exploitée depuis longtemps. Les carrières anciennes étaient ouvertes sur le plateau de la côte.

Ancienne carrière de Lorry-Mardigny

Ancienne carrière de Lorry-Mardigny

Les moellons qu’elles fournissaient ont probablement servi à construire les églises et les maisons des deux villages. D’autre part des fours à chaux, utilisant donc la pierre calcaire, ont fonctionné jusqu’au XIXe siècle. Entre les deux guerres mondiales, la pierre des côtes, concassée, a été utilisée dans les fondations des routes nouvellement goudronnées du secteur.

 L’exploitation du fer

Parmi les couches qui constituent le relief de la côte à Lorry, on trouve une fine couche de l’Aalénien, la formation ferrifère de la « minette » de Lorraine. On a tenté d’exploiter dans les années 1860 ce modeste filon de fer, en galeries. La couche concernée étant peu épaisse, cette exploitation n’a duré que quelques années.

Un espace militaire

Les côtes de Lorry-Mardigny ont aussi été investies par les militaires à plusieurs reprises dans un passé récent.

Fortifications allemandes

Pendant la première annexion allemande, de 1871 à 1918, Lorry-Mardigny se trouvait à la frontière germano-française. Cette frontière, comme la limite départementale actuelle, passait dans la vallée en contrebas d’Arry, puis elle traversait l’avant-côte entre Mardigny et les villages de Vittonville et Bouxières-sous-Froidmont, avant de gagner la vallée de la Seille.

 

Mardigny borne frontière

Mardigny borne frontière – D pour Deutsches Reich

Mardigny borne frontière

Mardigny borne frontière – F pour France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Côte de Mardigny

À l’automne 1914, c’est à la frontière entre Mardigny et Bouxières-sous-Froidmont que meurt le premier soldat français, Fortuné Pouget. Un monument a été érigé à l’endroit où il est tombé, sur le sol alors français, à deux pas de la frontière. Lors des premiers affrontements de l’automne 1914, l’armée allemande s’avance jusqu’à Bouxières-sous-Froidmont et Lesménils. Elle fortifie la côte du Froidmont et la côte de Mardigny avec des blockhaus et des tranchées. Une voie étroite de chemin de fer (voie de 60 cm) venant de la gare de Pournoy-la-Chétive (ligne Metz-Château-Salins) et traversant le bois entre Sillegny et Lorry-Mardigny, parvenait en cul de sac jusqu’au pied de la côte de Mardigny. Là un funiculaire prenait le relai permettant le transport d’armes jusqu’au plateau de la côte.

Côte de Lorry

De l’automne 1914 à 1917, les Allemands créent peu à peu une position fortifiée Arry-Chérisey en avant de la seconde ceinture fortifiée autour de Metz. Cette ligne fortifiée est constituée de tranchées, blockhaus, observatoires, abris et surtout de plusieurs réseaux de fils de fer barbelés. Le parcours « Arry 1914-18 : du béton et des hommes » au départ du village d’Arry illustre ce long chantier militaire.

Des fossés en zig-zag ont été creusés à la rupture de pente entre plateau et talus. Ils sont toujours visibles par le promeneur aujourd’hui et participent à la diversification des espaces biologiques en fonction de l’exposition au soleil et au vent.

La fortification des deux côtes en photos

fossés Lorry

fossé Lorry

fossés Lorry

fossé Lorry

fossés Lorry

fossés Lorry

Les casemates bétonnées disparaissent peu à peu dans la végétation à l’exception du « solitaire » dominant la dépression de la carrière : il a résisté à tous les efforts du carrier pour le faire exploser.

Lorry-Mardigny La Côte

Lorry blockhaus

Lorry-Mardigny La Côte

Lorry blockhaus

Lorry blockhaus Le Solitaire

Lorry blockhaus Le Solitaire

 

Mardigny blockhaus

Mardigny blockhaus

Mardigny blockhaus – vue ver l’agglomération messine

Mardigny fossés

Mardigny blockhaus

Mardigny fossé

 

Une implantation de l’OTAN

Pendant la période 1950-1965, une base de l’armée de l’air canadienne dépendant de l’OTAN et gérant un radar a été aménagée sur le plateau de la Côte de Lorry. Seules des dalles et quelques infrastructures sont encore visibles.

Un espace de loisirs, de rassemblement

C’est sur le plateau de Lorry que le club local de football a joué pendant les années 1950 et 1960. Et c’est aussi sur cette hauteur que l’on allumait, jusqu’aux années 1960, le feu de la Saint-Jean le 24 juin, guettant un à un tous les feux allumés dans les villages de la vallée de la Seille.

La carrière moderne

Une carrière à flanc de coteau a été ouverte sur la côte de Lorry pour la construction de l’autoroute A31 au début des années 1970. Elle a peu à peu défiguré le site. Passée la période « d’utilité publique », un carrier a repris le site. L’exploitation s’intensifiant avec les années, la population de Lorry-Mardigny et des villages alentours subissait de plus en plus de nuisances. Passage des camions, défiguration du site, menace sur l’approvisionnement en eau potable, perte d’un site naturel dont on commençait enfin à mesurer la richesse, sont autant de facteurs qui ont rallié la majorité de la population contre la carrière.

La carrière de Lorry 1989

La carrière de Lorry 1989

En 1989, le renouvellement du bail d’exploitation devait entraîner l’extension de la carrière vers l’est. Une majorité des habitants de Lorry-Mardigny, soutenus par certaines communes voisines, se sont mobilisés pour refuser cette extension et ont obtenu du Préfet de région l’arrêt de l’exploitation de cette carrière.

Lorry-Mardigny en colère – article RL 26/05/1989

La restauration du site

Le sol était resté à nu après l’exploitation de la carrière. Le site réclamait une restauration et la commune s’est tournée vers le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine comme partenaire.

Actuellement, un site naturel protégé et un espace de promenade

Le classement en site protégé et la restauration paysagère qui a succédé à l’exploitation de la carrière de Lorry ont rendu à cet espace naturel sa richesse biologique. Les deux côtes de la commune constituent un biotope faisant l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope, un Site Natura 2000 et une Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF de type I). Les activités sont réglementées pour préserver ce site. À Lorry, cet espace est traversé par un sentier de randonnée et partagé entre une zone de pâturage ovin et une zone publique où un sentier pédagogique a été aménagé par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine pour permettre la découverte de la flore et de la faune.

>>> Un site naturel protégé

>>> Le sentier de découverte