Ces espaces dominant les deux villages ont toujours contribué à l’économie locale et participé à l’histoire des deux villages. Activité pastorale, extraction de la pierre et utilisation militaire ont façonné ces deux côtes pour créer le paysage que l’on peut voir de nos jours.


Un espace de pâturage
Depuis le Moyen Age, les troupeaux communaux étaient conduits sur les côtes. On leur doit ce paysage de pelouse calcaire sèche, probablement sans aucun arbre ou arbuste. Entre les deux guerres mondiales, des troupeaux ovins venaient d’Alsace jusqu’à Lorry-Mardigny. Enfin, depuis la Seconde Guerre mondiale, deux exploitants agricoles se sont succédé pour poursuivre l’utilisation de cet espace pour l’élevage extensif ovin, lui conservant ainsi toute la richesse floristique et faunistique d’une pelouse calcaire.

Peu avant la Révolution française, Laurent de Chazelles, dernier seigneur de Lorry, avait imposé à la communauté de Lorry un échange de terres contre des communaux, entraînant la mise en culture d’une petite surface du plateau de la Côte de Lorry ; cette culture vivrière n’a duré que quelques décennies. Le but de cet échange était le terrain au pied du talus où Laurent de Chazelles a fait planter 80 mûriers blancs (Morus alba), pour un élevage de vers à soie. Le tronc de l’un d’eux, bois mort, est toujours présent.
Un essai de plantation de pins
Dans les années 1930, la commune a tenté de planter des pins à l’est du plateau de Lorry. Cette tentative se révélant peu concluante n’a pas été étendue en surface mais les pins plantés sont toujours là.

L’exploitation de la pierre : première carrière
La pierre calcaire des côtes de Lorry-Mardigny est exploitée depuis longtemps. Les carrières anciennes étaient ouvertes sur le plateau de la côte.

Les moellons qu’elles fournissaient ont probablement servi à construire les églises et les maisons des deux villages. Des fours à chaux ont fonctionné jusqu’au XIXe siècle. Entre les deux guerres mondiales, la pierre des côtes, concassée, a été utilisée dans la fondation des routes nouvellement goudronnées du secteur.
L’exploitation du fer
Parmi les couches qui constituent le relief de la côte à Lorry, on trouve une fine couche de l’Aalénien, formation ferrifère. On a tenté d’exploiter dans les années 1860 ce modeste filon de fer, en galeries. La couche concernée étant peu épaisse, cette exploitation n’a duré que quelques années.
Un espace militaire
La Côte de Lorry a aussi été investie par les militaires à plusieurs reprises dans un passé récent.
Pendant la première annexion allemande, de 1871 à 1918, Lorry-Mardigny se trouvait à la frontière germano-française et ses côtes, dominant la vallée de la Moselle et l’horizon ennemi, ne pouvaient qu’entraîner une fortification de cette zone de la part des Allemands. Cette frontière, comme la limite départementale actuelle, passait dans la vallée en contrebas d’Arry, puis elle traversait l’avant-côte entre Mardigny et les villages de Vittonville et Bouxières-sous-Froidmont, avant de gagner la vallée de la Seille.


Une ligne de chemin de fer traversant le bois entre Sillegny et Lorry-Mardigny parvenait, en cul de sac, jusqu’au pied de la côte de Mardigny, permettant le transport de troupes et d’armes vers la frontière d’alors.
Des fossés en zig-zag ont été creusés à la rupture de pente entre plateau et talus sur la Côte de Lorry. Ils sont toujours visibles par le promeneur aujourd’hui et participent à la diversification des espaces biologiques en fonction de l’exposition au soleil et au vent.



Les casemates bétonnées disparaissent peu à peu dans la végétation à l’exception du « solitaire » dominant la dépression de la carrière : il a résisté à tous les efforts du carrier pour le faire exploser.




Pendant la période 1950-1965, une base de l’armée de l’air canadienne dépendant de l’OTAN et gérant un radar a été aménagée sur le plateau de la Côte de Lorry. Seules des dalles et quelques infrastructures sont encore visibles.
Un espace de loisirs, de rassemblement
C’est sur le plateau de Lorry que le club local de football a joué pendant les années 1950 et 1960. Et c’est aussi sur cette hauteur que l’on allumait, jusqu’aux années 1960, le feu de la Saint-Jean le 24 juin, guettant un à un tous les feux allumés dans les villages de la vallée de la Seille.
La carrière moderne
Une carrière à flanc de coteau a été ouverte sur la côte de Lorry pour la construction de l’autoroute A31 au début des années 1970. Elle a peu à peu défiguré le site. Passée la période « d’utilité publique », un carrier a repris le site. L’exploitation s’intensifiant avec les années, la population de Lorry-Mardigny et des villages alentours subissait de plus en plus de nuisances. Passage des camions, défiguration du site, menace sur l’approvisionnement en eau potable, perte d’un site naturel dont on commençait enfin à mesurer la richesse, sont autant de facteurs qui ont rallié la majorité de la population contre la carrière.

En 1989, le renouvellement du bail d’exploitation devait entraîner l’extension de la carrière vers l’est. Une majorité des habitants de Lorry-Mardigny, soutenus par certaines communes voisines, se sont mobilisés pour refuser cette extension et ont obtenu du Préfet de région l’arrêt de l’exploitation de cette carrière.

La restauration du site
Le sol était resté à nu après l’exploitation de la carrière. Le site réclamait une restauration et la commune s’est tournée vers le Conservatoire d’Espaces Naturels Lorrains comme partenaire.
Actuellement, un site naturel protégé et un espace de promenade
Le classement en site protégé et la restauration paysagère qui a succédé à l’exploitation de la carrière de Lorry ont rendu à cet espace naturel sa richesse biologique. Les activités sont réglementées pour préserver ce site. C’est un espace traversé par un sentier de randonnée et partagé entre un pâturage pour les moutons et un sentier pédagogique conçu par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine pour permettre la découverte d’un espace très riche par sa flore et sa faune.