Croix et Rogations
Les trois jours précédant l’Ascension étaient consacrés à des processions autour des villages au cours desquelles le curé bénissait les champs pour demander à Dieu d’accorder de bonnes récoltes. C’étaient les rogations, de rogare = demander, en latin. Ce rite rappelle des rituels printaniers de fécondité antérieurs à la christianisation. Ces sociétés villageoises craignaient les gels tardifs, la sécheresse, les maladies comme les ravageurs sur les récoltes. Léon Zéliqzon, dans son Dictionnaire des patois romans de la Moselle, note quelques proverbes comme celui-ci : « Quand il fait beau aux Rogations, le premier jour, c’est pour la fenaison, le deuxième, c’est pour la moisson, le troisième, pour les vendanges ». Des croix de stations marquaient le parcours de ces processions à distance du village.
A Lorry, ces croix sont majoritairement en fer forgé. On compte un calvaire avec socle en pierre gravée à Mardigny et un autre à Lorry. Ces croix sont toutes situées à un carrefour.
Le cadastre napoléonien garde le souvenir d’une autre croix à Lorry « À la croix dieu le fils », sous la côte, mais aussi la trace du passage de ces processions avec le lieu-dit « le trou de la procession » entre l’ancien « chemin des vaches », qui conduit à la côte, et la « croix dieu le fils ».
Le calvaire de Mardigny
Il est situé à une croisée de trois chemins : chemin venant du village par le Queugnot (en patois, coin, quartier), actuelle rue de la Fontaine, chemin rejoignant la route de Bouxières et l’ancien « chemin de Pont-à-Mousson ».
On lite sur son socle : « Cette croix a été érigée à l’honneur de Dieu par les soins de MM. Jn Mornet et Jn Suisse l’an 1826″. Jean Mornet était un vigneron de Mardigny et Jean Suisse un cultivateur.
Le calvaire de Lorry
Il est à la croisée actuelle d’un chemin parallèle à la côte et dominant les Nieumés et un chemin menant droit à la côte. Mais il est aussi près des chambres d’eau ; deux anciens lieux-dits du cadastre napoléonien voisins de ce calvaire illustrent cette présence de l’eau alimentant le village de Lorry : « sur le cours de la Fontaine » et « entre deux rupts », autrement dit entre deux ruisseaux.
On lit sur son socle : « Nous vous adorons ô Christ et nous vous bénissons car vous avez racheté le monde par votre sainte croix ». Il est fait ainsi référence au saint patron de l’église de Lorry;
La croix de la chapelle
Elle est située au carrefour entre la route de Lorry à Mardigny et un long chemin faisant la limite entre les bans des deux villages. La pierre qui sert de socle à la croix en fer forgé devant la chapelle au bord de la route, est la pierre tombale d’un ancien instituteur de Lorry-Mardigny nommé Jacquemot et décédé en 1806.
La croix de la Horgne
Elle est située au carrefour entre la route d’Arry et le chemin de la Horgne. Elle est datée précisément puisqu’on trouve sur la branche basse de la croix les mentions « PICHARD » et « 1883 ». Jean-Charles Pichard a été maire de Lorry-Mardigny pendant l’annexion allemande de 1871 à 1918.
La croix saint-Claude
Elle est située au carrefour entre le chemin de la « croix saint-Claude » qui devient ensuite chemin des vaches et les « voies de Vezon ». Elle domine aujourd’hui une vigne du début du XXIe siècle et dominait jadis une vigne appartenant au maréchal Abraham Fabert, enfant de Metz.
La croix de la route de Marieulles
Elle est située au carrefour entre la route départementale et l’ancien « chemin de Marieulles à Bouxières ». Ce chemin est parfois appelé « chemin ferré » dans les sources, expression qu’on associe à un chemin empierré et non un simple chemin de terre.