13 novembre 1940-13 novembre 2020

Pour cet anniversaire de l’expulsion de novembre 1940, c’est l’extrait du journal d’un habitant, et non l’article d’un journaliste, qui vous est proposé.

Il y a exactement 80 ans, nos parents montaient dans des bus les emmenant vers Metz sous l’œil impatient des Allemands venus les chercher.

Depuis plusieurs jours, ils préparaient fébrilement leurs bagages, faisant des choix sans doute douloureux pour ne pas dépasser les 50 kg par personne qui leur étaient accordés. Ils avaient vu partir plus d’une vingtaine des leurs, le 17 août 1940, chassés par l’occupant pour leur origine française et non mosellane, et donc leur francophilie. Cette fois, c’est toute la population, francophone, qui est jugée indésirable par les Allemands. Plus de neuf habitants sur dix de Lorry-Mardigny allaient donc quitter leur village, abandonnant leurs maisons, leurs biens, leurs récoltes, leur bétail, pour une destination encore inconnue : ils avaient opté pour la France mais pouvaient-ils se fier à ceux qui les expulsaient ?

Louis Lorrain, un enfant du pays à peine revenu de son Stalag à l’Est de l’Allemagne, raconte cette journée :

Un beau matin, c’était le 13 novembre, où nous étions encore couchés, des autobus arrivent au village, des boches en descendent, ensuite deux ont été dans chaque maison pour nous dire que nous étions expulsés en France libre et que nous avions droit à prendre chacun 50 kilog. et 2000 frcs. Nous avons fait nos paquets en vitesse, toujours un boche près de soi, et une heure après, nous étions mis dehors. Les boches ont fermé les portes et nous ont chargés dans les autobus et direction Metz. On nous emmène tous à la gare de marchandises qui était aménagée pour cela. Là nous avons pu changer nos marks en francs. Ensuite on nous a placés dans le train, 8 par wagon, nous étions en tout 1800 personnes.
Toute la journée, ils nous ont fait attendre en gare et à 4h ¼ du soir, le train se met lentement en route. Avec le soir qui tombe sur la ville, nous quittons Metz, notre bonne et belle ville, pour hélas combien de temps ?

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